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04 déc. ~ Kwal ~


l Kwal l Les Liens l

Il faut tourner la page, changer de paysage, chantait un orfèvre du mot, amateur de jazz, et de sonorités brésiliennes et africaines.

Vincent Loiseau aka Kwal a fait sienne cette ritournelle.

Loin de Toulouse, sa patrie est la même que celle de Lo'Jo et des Thugs... Angers, expliquant (ou pas) le parcours de celui qui mélangeait à ses débuts rap et métal, au sein du sonique Carc[H]arias, et qui a depuis opté pour des mélanges tout autres qu'il a développés au fil des 15 dernières années.

La métamorphose lente, insidieuse, discrète, choisie, l'a extirpé du réseau des scènes actuelles pour un réseau de scènes plus nationales, plus grandes, moins obscures... pour faire un peu mieux attraper la lumière aux mots qu'il brandit comme un slammer, comme un conteur du quotidien et qu'il présente à un public de toute évidence plus porté sur le fait d'écouter les textes.

Troubadour d'utilité publique, en quelque sorte, Kwal contribuerait à sortir un public de sièges confortables de la torpeur d'une variété lénifiante et du jazz à papa, mais il pourrait tout autant éveiller/réveiller cet autre public de salles obscures qui sentent la bière et la sueur (les salles, pas le public, quoique), qui ne comprend pas l'anglais (le public, pas les salles), mais n'écoute pas pour autant de rock en français qu'il juge trop ringard.

Quelqu'un veut la tradition d'un titre ou deux de rock international ?

Plus incompréhensible, serait la mauvaise fois qui voit les professionnels de la profession vieillissant qui montent en épingle de nouvelles découvertes de musique actuelle dont la qualité de la musique et des textes dans la langue de Céline Dion défriserait le plus Salers des bovins.

Ces oeillères poussent donc certains artistes qui rêvent d'un autre dictionnaire de rimes autre que celui de quelques MC solaires ou chanteurs et chanteuses autotunés plus ou moins urbanisés, ou juste armés d'une crédibilité parisienne, à chercher une qualité d'écoute plus objective, plus attentive, la chercher ailleurs, pour sortir du nivellement par le bas qui répond à la classique excuse du "j'adore mais je ne saurais pas quoi en faire".

C'est ainsi que loin de certains circuits identifiés, il a fait fleurir son univers et cultivé son jardin d'une intime portée collective. Kwal a grandi et mûri, il le dit lui-même, il dit surtout Je ne veux pas regretter / ce que je n'ai pas fait pas été / mon compte à rebours me presse de jouir du temps qu'il me reste. Pendant ce temps-là, Vincent, lui, a voyagé... pour quoi ? pour qu'à la fin rien d'humain de ne nous reste étranger.

De ses voyages, il a ramené des instruments et instrumentations, des portraits et des leçons de vie, tirés de la sagesse des anciens. Autant de messages qui nourrissent les textes et amènent à penser... qu'il y a du bon à prendre les choses plus simplement, avec plus de naturel et sans se renfermer sur soi, face à un monde hostile qui l'est surtout parce que l'Homme oublie de ne pas l'être.

Entre disques en arabe et en bambara (et, en K7), création pour le jeune public ou pour les grands plateaux, il distille sur ses albums une musique riche et lumineuse, ouverte sur le monde, comme les textes de son personnage attaché au mot, à la consonne multiple et à la voyelle première. Il puise à corps perdu dans le Mali et le reste de l'Afrique, dans le tsigane, le bassin méditerranéen, le classique avec des cordes qu'il dénoue plus qu'il ne les noue, avec quelques bribes de beats et de transe électronique... la musique ronronne, le mot fouette et caresse...

Aujourd'hui, la colère d'un texte affûté comme son Là où j'habite s'estompe et laisse la place à une sérénité et une envie de porter une parole tout autre... celle de la différence comme source d'enrichissement, de l'acceptation de l'autre comme source d'un acquis d'expérience de tout être vivant et curieux.

Bref, une philosophie qui ne fait pas de mal, voire plutôt du bien et qui use moins que l'aigreur.

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