21 jui. ~ Elecampane ~
l Elecampane l High Hopes l
En ce jour pas très catholique d'une fête qui vire de plus en plus à la fête de la saucisse, au fil des ans, il peut sembler opportun de donner à écouter un (contre) exemple de cette nouvelle génération de musiciens français qui ont tout compris et savent se réinventer.
Cette fête de la musique est un peu devenue la caricature d'elle-même. Pour nombre de personnes, c'est presque le seul jour qui donne envie de ne pas en écouter... Bien heureusement, à bien chercher les bons plans ou à les organiser soi-même... il y a tout de même moyen de passer un bon moment avec pour mot d'ordre Faites de la musique... puisqu'en filigrane, comme toutes ces fêtes des mères, de la femme, de la planète, ... nombre de gens n'attendent pas qu'il leur soit décrété une journée dans l'année, une fête des lobbies, pour rendre hommage et prendre la mesure des choses...
Pour revenir, au fait d'avoir tout compris, s'il est (très/trop) régulièrement fait référence dans ces colonnes au côté fondateur des années 90 pour la scène actuelle made in France, ce serait faire preuve de mauvaise fois que de ne pas reconnaître la vivacité, l'intelligence et l'appétit de toute une frange d'artistes, de musiciens, qui ne sont plus arcboutés sur la réalisation d'un seul et même objectif... la sacro-sainte intermittence... sur la foi et la base d'un seul et même projet musical... car sur ce sujet aussi, après tout, il n'y a pas de honte à prendre exemple sur les pratiques anglo-saxonnes, et dans une certaine mesure belges.
De la même manière qu'il est plutôt malin pour plein de raisons de recourir aux formats courts successifs avant la production d'un format long compilant le tout avec des titres inédits, comprendre les 45trs avant un album... la multiplicité des projets pour un artiste a mis du temps à s'imposer comme une évidence sur la scène française... C'est le meilleur moyen de segmenter et répartir certaines influences pour une meilleure cohésion artistique au sein d'un même projet. Il se met alors en place un turn-over des séquences d'enregistrements, sorties, diffusion et tournées des projets pour aller chercher les moyens de remplir le frigo là où ils sont... en concert... puisque rares sont ceux qui peuvent espérer vendre assez de disques pour pouvoir jouer les stars en pantoufles en attendant le prochain disque...
Toujours est-il donc, que l'on voit ces dernières années des artistes se lancer dans des projets solos ou parallèles, d'esthétiques différentes, comme le font depuis de années des gens comme, au hasard ou presque, Tom Barman, Mike Patton, Lou Barlow, Luke Haines, Ian MacKaye, ...
...et c'est donc le cas, par exemple, d'Elecampane, lancé en marge de Concrete Knives, par Nicolas Delahaye (voix, guitare), Augustin Hauville (basse) et Guillaume Aubertin (batterie), tandis qu'Adrien Leprêtre la joue Samba de la Muerte... Corentin Ollivier emmène nouveau public aux Faroe...
... entre soupape et récréation, et surtout un moyen de laisser vivre des influences qui n'ont pas leur place dans CK, comme l'appelle Nicolas.
Dans l'idée c'est un peu ça, même si la création est assez identique. T'as 100 manières de faire sonner une chanson, précise le chanteur guitariste. L'idée d'Elecampane, c'était surtout de pouvoir faire tout ce qu'on pouvait plus faire avec CK... sur la tournée, la prod... retrouver un truc à la cool sans pression, ajoute-t-il au sujet d'un répertoire à l'écriture résolument pop, mais plus orientée guitares.
C'est le côté aussi soupape comme tu dis. Puis aussi se rapprocher de nos influences.
Quand avec l'un, les trois Caennais sont couteaux entre les dents avec pour mission de faire danser et faire sauter les gens, avec Elecampane, c'est la marguerite au bec qu'ils déroulent des hymnes noisy pop qui jette un pont entre l'Écosse d'un Teenage Fanclub et le Massachusetts des Pixies avec un saupoudrage un brin shoegaze sur le bien nommé Heaven.
C’est un projet qui marche au besoin, comme une échappatoire, déclarait récemment Nicolas à une journaliste d'Ouest France, au sujet de High Hopes, dont les quatre titres remontent déjà à 2015..
Tout à sa place dans CK, c'est juste qu'il faut arriver à rassembler un groupe hétéroclite. Là, c'était facile de le faire. Pas par fainéantise mais plus par besoin, complète-t-il ici.
Un bien bel objet pour lequel une suite est attendue mais Concrete Knives redeviendra vraisemblablement d'actualité avant que ce ne soit le tour d'Elecampane, il faudra donc se satisfaire de ce face A/face B rempli des meilleurs espoirs.