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26 nov. ~ Olivier Mellano ~ Ep. 2/3


i Olivier Mellano l No Land l

No Land, une pièce comme Olivier Mellano les aime, avec un certain penchant pour le démiurgique.

Cinq ans plus tôt, How we Tried (a New Combination of Notes to Show the Invisible or even the Embrace of Eternity) s'achevait sur un sentiment d'accomplissement mais aussi de... Plus jamais ça !!! ... puisque le triptyque symphonique/électrique/electro n'a pas spécialement reçu l'écho et le soutien que cette commande pour l'Orchestre de Bretagne méritait. Une commande qui lui avait pris cinq ans à mettre en place.

Olivier Mellano ne le dira pas comme ça, mais on peut à sa place aisément regretter le gaspillage qu'il en a été fait, autant côté label que programmateurs et médias qui n'ont pas plus soutenu que ça ce monstre gargantuesque qui empruntait plus à l'art contemporain qu'au rock ou même au classique, puisque c'était à l'origine une simple commande symphonique, comme le principal intéressé la qualifie... une simple commande symphonique qui s'est dépliée... en trois films et neuf versions d'une même partition pour orchestre, si l'on compte les versions croisées où la piste vocale de la soprano est posée sur le thème électrique ou electro, où les textes des MCs sont accueillis par la version à 17 guitares ou enveloppées dans la sphère orchestrale.

Mais chassez le naturel, il revient au galop et cinq ans plus tard il livre une pièce qu'une petite quarantaine de minutes dont l'instrumentarium repose sur un bagad breton avec en invité d'honneur cette fois-ci Brendan Perry.

Pour lui, c'était la première fois qu'il chantait autre chose que sa musique, confesse-t-il au sujet du chanteur de Dead Can Dance, faisant le parallèle avec Simon Huw Jones d'And Also the Trees sur How We Tried.

[ Le bagad, ça faisait un moment que j'y pensais...

avec l'envie de voir comment ça pouvait sonner autrement ]

Boulimique de création et de projets, Olivier s'est depuis longtemps tourné vers l'écriture de pièces musicales, rendant plus illisible sa carrière mais démontrant le talent de l'homme derrière l'instrument qu'il choisi. Parce qu'évidemment, avant l'ensemble traditionnel breton de guimbardes et cornes-muses, il y avait eu notamment le clavecin.

Le travail d'écriture des partitions a été initié avec La Chair des Anges, et les partitions pour huit guitares électriques, les pièces pour clavecins et quatuor à cordes, raconte-t-il. How We Tried était donc dans la continuité de La Chair des Anges… Ça a évidemment aidé à faire un truc comme No Land mais c'était d'autres problématiques sur No Land.

Il est de toute façon difficile avec le recul d'imaginer qu'Olivier Mellano soit dira-t-on du genre à faire deux fois la même chose, un état de fait qu'il valide volontiers.

Le bagad, ça faisait un moment que j'y pensais, dit le compositeur. Physiquement ça me faisait quelque chose... avec l'envie de voir comment ça pouvait sonner autrement, dit-il au sujet d'un croisement d'instruments folkloriques traditionnels comme peuvent le faire Superparquet ou France avec la vielle à roue et d'un penchant pour la musique drone.

… sauf que dans la compo, (No Land) est un peu comme How We Tried. Sur les trucs de guitares, on me disait que ça allait être un petit peu Glenn Branca, mais, en fait, je pense que c'est plus proches de choses en composition comme (Robert) Fripp ou Steve Reich, c'est à dire que c'est plus écrit que des trucs de drone. Glenn Branca, elles ne sont pas écrites les parties non plus mais ça joue moins sur des gros aplats, c'est quand même beaucoup plus cadré dans la composition... et No Land c'est pareil.

[ il y a des passages de notes qui sont compliqués...

des trucs où il faut un peu mettre des scotchs pour que ça sonne comme ça ]

Pour autant, Olivier admet un certain hermétisme à la musique traditionnelle bretonne mais, jamais à un challenge près, il saute le pas d'écrire et composer pour un instrument dont il connaît les limites et qu'il comprend, qu'il ne maîtrise passer auquel il adosse un texte ouvertement iconoclaste.

Je sais quelles notes ils peuvent jouer et quelles notes ils ne peuvent pas jouer, explique-t-il.

J'ai quand même composé avec ce qu'ils pouvaient jouer... après il y a des passages de notes qui sont compliqués, des trucs où il faut un peu mettre des scotchs pour que ça sonne comme ça... mais je savais ce qu'il fallait faire... Je savais qu'il fallait qu'ils respirent aussi un peu de temps en temps, dit-il avec un grand sourire.

Et donc, moi, je joue de la basse dessus... de la grosse basse, avec des synthés et une basse électrique, qui contrebalancent le côté hyper aigu.

Fidèle à l'image qu'il renvoie d'exploration musicale et de confrontation d'univers différents, il a insufflé à No Land la même volonté de faire tomber certaines frontières avec des textes et partitions ne reposent par sur de la musique traditionnelle.

C'est une grosse pièce d'une quarantaine de minutes avec une sorte d'hymne anti-régionaliste*... dit-il tout sourire, ajoutant... la moitié des musiciens ne lisaient pas les partitions avant de faire de ce truc.

Ils se sont vraiment collé au boulot, c'est des harmonies très particulières, ce sont des instruments qui ne jouent pas toutes les notes donc il faut tricher, il faut faire des trucs très compliqués pour avoir certaines harmonies.

[ Des fois, je me disais que j'aurais préféré souffler que de me faire le mixage de ça ]

La conception du disque s'est faite en live, avec des volumes que l'on imagine fort peu compatibles avec la nouvelle législation castratrices de limitations sonores en espace clos.

Oui, c'est très très fort et très aigu et donc un côté un petit peu indus... acquiesce Olivier. Une sorte de truc un peu Laibach.

Une petite dizaine de dates ont été faites avant de se lancer à nouveau dans l'enregistrement du bagad de Cesson, et le mix qui va avec, et qui, avec quelques 186 pistes au total, renvoie inévitablement à l'inextricable How We Tried et ses quelque 200 pistes...

Une fois encore un travail titanesque, qui s'est conclu par le même Plus jamais ça !! qu'après l'accouchement du triptyque de HWT... même si contrairement au second, et ses 17 pistes de guitares qu'il avait fallu écrire à partir de composition pour violons... dans le cas de No Land, ce n'est pas lui qui soufflait !

Des fois, je me disais que j'aurais préféré souffler que de me faire le mixage de ça... confesse-t-il amusé.

… après tu es content que ça existe ! conclut-il au sujet d'un projet qui a débouché sur un an de tournée avec le bagad... avec plus de trente à quarante musiciens... cornemuse, bombarde, grosse percussions, caisses claires, etc (…) et avec Brendan Perry... détaille-t-il.

Une manière, une fois encore de ne pas faire les choses comme les règles du commerce et de la promotion le préconisent puisque le disque est pris comme la clôture d'un cycle plus que comme le point de départ... une posture qui sied à la qualité de l'enregistrement et des 37'40 de musique et qui va malheureusement donner l'occasion à nombre de gens de se réveiller naturellement, une fois, après la bagarre...

Oui quand le disque va sortir, il n'y aura plus de concerts. Brendan est déjà reparti sur autre chose, dit Olivier.

Avec MellaNoisEscape, on fonctionne un peu de la même manière. On fait d'abord un petit crash test tour pour éprouver les morceaux, voir comment ça se passe sur scène... et après on les enregistre.

Et du coup, c'est exactement ce qu'on a fait pour No Land. Si on avait enregistré avant les dates le disque n'aurait pas eu cette tenue-là.

Voilà le nom lâché. Entre deux, Olivier a pris le temps de développer un autre projet qui s'amuse avec son nom... à côté du MellanoLand, il cultive un autre jardin plus pop, et encore faut-il le dire vite, appelé MellaNoisEscape.

Infatigable.

* texte ici

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