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24 jui. ~ Raoul Vignal ~


l Raoul Vignal l The Silver Veil l

D'aucuns s'accorderont à dire que cet album est un premier album sublime autant qu'inattendu dès lors qu'il s'agit d'entendre les compositions d'un Français viser les cimes du folk anglo-saxon. Avec The Silver Veil, Raoul Vignal offre un disque mélancolique qui échoue à être triste, tellement il est lumineux... Une batterie discrète, quelques notes de flûte traversière, un peu de piano,... et la magie d'une guitare... acoustique, à l'anglaise... en mode classique, sans mediator, qui donne aux morceaux des ambiances folk baroque pop.

Il est amusant de voir la précipitation avec laquelle surgissent les références britanniques, citées sur le papier, à Nick Drake, Davey Graham et autre John Martyn, alors qu'il est tout autant possible d'y entendre parfois, beaucoup, un large pan de la culture américaine de référence et actuelle, de Paul & Simon Garfunkel (Mine)... à Samuel Beam (Iron & Wine) en passant par l'incontournable Elliott Smith (Under the Same Sky)...

Aucune des deux extrémités de ce -pas si grand- écart ne sont injustifiées, peut-être sont-elles juste inutiles quand il suffit d'écouter un disque et de se laisser bercer par ce qu'il en émane, d'autant qu'il est légitime de se demander combien de ces noms jetés au pied de l'autel des références font réellement partie de la culture intrinsèque et affirmée des gens qui les citent... À commencer, par exemple, par John Martyn dont la popularité a bénéficié, à n'en pas douter, du génie d'un patron de grande maison de disque, qui a l'image d'un Rick Rubin allant chercher un Johnny Cash dans son salon pour publier de fabuleux American Recordings, fit la même chose avec le songwriter britannique et quelques magnifiques reprises triées sur le volet qui ont marqué les esprits sous la forme d'un album ensorcelant, The Church with One Bell.

Si aujourd'hui nombre d'artistes étrangers viennent chercher un savoir faire en France dans certains domaines musicaux, essentiellement la French Touch et le beatmaking, certes, et pas forcément des Anglo-saxons -mais le monde est vaste-... nombreux sont encore aujourd'hui les artistes français à faire le chemin inverse et à aller chercher, ailleurs, un petit quelque chose qu'ils ne trouvent pas dans l'Hexagone.

Il est ainsi possible de se demander si Raoul Vignal aurait pu faire le disque qu'il a fait, ailleurs qu'à Berlin... Certainement ! quand on voit le travail de Pokett ou d'I, Useless, pour ne citer qu'eux.

Par contre, quiconque aura passé un peu de temps dans la capitale allemande pourra témoigner de la sérénité qui règne dans cette ville vaste et chargée d'une histoire, lourde et grise, qui semble appeler à la retenue et à la prise de conscience, tout en prenant sur elle le poids des remords et du doute.

...or, ce que le Lyonnais d'origine a réalisé avec The Silver Veil, loin de la tenaille des rives du Rhône et de la Saône, ne semble pas dire autre chose... autant d'ingrédients qui font un beau disque.

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