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31 mai ~ Cvantez ~


l Cvantez l Lozère l

Les trois quarts des chroniqueurs prendront en référence -à bon escient- le fait que Cvantez est avant tout un titre des pour-ainsi-dire mythiques texans si injustement méconnus, Spoon.

Personnellement, le déclencheur, l'envie d'écouter et de découvrir Cvantez fut surtout pour l'évocation quixotesque et Cervantesque... de cette utopie chafouine et désillusionnée laissant la porte ouverte à la possibilité d'un monde meilleur, qui, bien que fantasmé, ne demande qu'à exister... pour autant que l'on se donne la peine de lui donner sa chance et de ne surtout pas faire une croix dessus avant d'avoir essayé... Oui je sais. Tout le monde ne sera pas forcément d'accord avec cette vision.

Le parcours de Cvantez et son initiateur Olivier Salaün se passe plutôt, et bien injustement, sous les radars et partage à sa manière une part d'utopie. Chaque album semble autant se chercher qu'être un saut dans le vide... la formule a changé mais surtout évolué à chaque étape, franchissant plus qu'un palier pour s'affirmer.

Si l'album Tigers prenait une évidente assurance musicale par rapport au faux minimalisme d'Yvettela Musipontaine, ce premier disque était riche d'une sobriété mélancolique qui collait à merveille aux textes, quand il y en avait, de Sandra Escamez -aperçue auparavant aux côtés de Vérone.

À chaque étage, une étape est franchie, ou le contraire. Le détour par l'anglais du deuxième album, compréhensible dans le contexte de la musique indé française, se révèle bien inutile. On se rend compte combien le timbre diaphane et retenu de Cyrielle Martin, similaire à celui de Sandra, ne dépareille pas dans une famille de chanteuses telles que Françoiz Breut ou Armelle Pioline, cousine éloignées Hope Sandoval ou Paula Frazer, époque Tarnation. Elle trouve, ici, une vois, sa voix, grâce au retour bienvenu du français dans le texte.

Les chansons sont comme ces empreintes de pieds qui s'effacent au passage de la vague venue de loin pour mourir sur une plage dans un filet d'écume des jours. Restent les photos fanées de souvenirs tendrement acidulés. Ces chansons sont comme une promenade pieds nus dans le sable, ce sable que l'on sent s'écouler et filer entre les doigts, celui-là même qui s'écoule lentement mais sûrement d'une ampoule à l'autre à travers le diaphragme de verre d'un sablier.

Quelques accélérations viennent à peine troubler, voire servent même justement à mettre en valeur le calme olympien qui traverse ce disque, en faisant instantanément un disque de chevet. Le mélange sur le titre d'ouverture de sitar, guitares acoustiques et électriques coiffées du non-chant de Cyrielle. Quelques effluves new wave plumettent un décor de bois mordoré de quelques reflets outremers savoureux.

Débarrassé du complexe du français et de sonorités trop 90's, Cvantez se révèle et passe avec ce disque de l'inspiration simple à l'incarnation pure. C'est donc en passant par la Lozère donc que la quête des discrets Cervantès franceses a trouvé l'affirmation de son propos. Ce troisième disque aux accents préservés d'une musique de chambre est proprement solaire, et pas seulement parce qu'il parle d'été, de jeunesse, de timides embrassades mais parce qu'il s'épanouit musicalement, et remplit l'espace d'une douce nostalgie fondamentalement positive.

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