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28 mai ~ Perio ~


l Perio l 30 Minutes With Perio l

Difficile de parler de 'carrière'. Je n'aime pas ce mot : faire carrière dans la banque, les assurances, l'industrie… mais dans la musique : c'est pas très 'rock'n roll', déclare Eric Deleporte au sujet de sa longévité discographique et scénique qui l'a vu sillonner la France et les Etats-Unis.

L'homme qui se cache derrière le patronyme de Perio fait de le musique depuis plus de 25 ans, et donne toujours ce sentiment de se chercher, entre peur de la page blanche et perfectionnisme. Il concède naturellement la première mais rejette le second.

Je ne suis pas trop perfectionniste quand même, et si je savais ce que je veux vraiment, je m'arrêterais là. Mais il y a toujours ces putains de mélodies dans ma tête et je continue… La musique devient alors une nécessité.

Une nécessité qui s'accompagne d'un savoir-faire acquis au beau milieu de toute une scène qui s'éveillait au début des années 90 et qui voyait de futurs artistes de référence affûter leurs passions et profils musicaux... de The Little Rabbits à The Married Monk, en passant par Pierre Bondu, Dominique A et Philippe Katherine... À l'heure où les Rabbits et le Monk partent enregistrer en Arizona avec Jim Waters, Eric a décidé de sauter le pas et d'aller à la source.

De 1996 à 2004, c'est un long séjour !!! J'avais vraiment envie de tenter l'expérience. Découvrir le pays, rencontrer des gens. Pas forcément dans le milieu de la musique. La rencontre avec Nicolas Vernhes, créateur du studio Rare Book Room, a été déterminante et m'a permis de comprendre ce qu'est la production d'un album. Le compositeur David Mecionis, qui a réalisé l'arrangement sublime du titre Billboard, album Medium Crash, m'a ouvert l'esprit. La rencontre avec Mick Turner, guitariste des Dirty Three, m'a dérouté. Des sessions studio avec Darren Richard, de Pinetop Seven, Edith Frost… Toute cette synergie, ces échanges, je n'aurais pas pu trouver cela en France.

Le résultat, ou pas, de ces années outre-Atlantique, est qu'avec Eric Perio Deleporte, une démo*, dès lors qu'il accepte de la rendre publique, se présente sous les traits d'une chanson que nombres d'artistes considéreraient non pas comme une ébauche mais comme le titre de leur vie, ou tout du moins une bonne chanson bien aboutie.

De fait, entre lassitude et désillusions d'une industrie qui s'écroule pour celui était signé chez (devinez) -Nantes power !- Lithium, la peur inhérente de n'avoir plus rien à dire, et d'autres contraintes de la vie qui remettent les pieds de l'artiste sur terre, le gentleman pop qu'il est a toujours su prendre son temps, publiant des disques à intervalles réguliers mais distants.

Il faut dire que très tôt, dans sa jeunesse new wave telle qu'il l'a raconté à buzzonweb.com, Eric a connu la frénésie et l'immense univers des possibles du monde la musique, des rencontres et des opportunités qui sont tout à la fois de véritables déclencheurs et de terribles miroirs aux alouettes.

Aujourd'hui, c'est paradoxalement confronté au vide qu'il retrouve une énergie vitale. La nostalgie des uns, la jeunesse des autres, créent des sollicitations et de nouvelles envies. Pour rattacher les wagons, il a sorti un Chunk of Songs qui n'est rien de plus, rien de moins, que ce qu'il annonce... un monceau de chansons, essentiellement live, souvent juste folk et dépouillées, régulièrement électriques, dans les deux sens du terme, et toujours habitées de cet esprit qui nous manque un peu aujourd'hui chez un Neil Young par exemple.

Nostalgie et nouvelles envies aussi lors des quelques (trop rares) épisodes d'une soirée concept Generation X autour d'artistes du défunt label, dont Bruit Noir/Mendelson, l'ex-Diabologum, Michel Cloup, Françoiz Breut, et Perio, en formule trio avec Etienne Gaillochet de We Insist ! (entre autres), à la batterie, et l'éternel compagnon de route multi-instrumentiste Christian Quermalet de... The Married Monk**.

J'ai rencontré Christian pour la première fois à l'école des Beaux-Arts de Nantes en 1990. Christian est présent sur le premier album Icy Morning In Paris (bass/drums) sorti en 1994 sur Lithium, se souvient Eric ajoutant que le Normand a également mixé The Great Divide dont certains enregistrements avaient été faits à Chicago et a également mixé 30 minutes with Perio.

Aujourd'hui, sa page de son dans les nuages est active comme jamais, avec des publipostages réguliers de démos ou d'inédits, de reprises et de collaborations. Une manière de se motiver, de maintenir de l'actualité dans l'hyperactivité contrainte d'internet qui veut que si un artiste ne signale pas qu'il existe (toujours), il prend le risque de disparaître.

C'est exactement ça. En puisant dans les archives, je retrouve des versions différentes des titres, tous albums confondus. Des versions démo, des mixes différents. Cela me permet de faire le point aussi. D'avancer. De ne pas revenir sur des structures de chanson qui ont déjà été faites pour le prochain projet. J'ai collaboré avec un comédien, Eric Challier, autour de la lecture d'un texte de Falk Richter 'Unter Eis' (Sous la glace). Je viens également de terminer une bande-son pour un court-métrage vidéo du plasticien Christophe Galleron.

Les temps étant ce qu'ils sont, et celui qu'il prend pour confectionner ces habits de lumières, ces écrins, à ses chansons ne donne plus vraiment de légitimité ni d'utilité à la vieille pratique poussiéreuse de l'album.

L'état déplorable de l'industrie et de ses acteurs cramponnés à leurs vieilles casseroles non plus d'ailleurs.

Trop de jolis projets rejoignent le cimetière des oeuvres oubliées par faute de place dans l'écosystème actuel, ou faute de réactivité des intermédiaires nécessaires à la propagation auprès des fans passés, actuels et futurs.

Du coup, quel plaisir à la sortie de l'Objet-Disque sobrement intitulé 30 minutes With Perio, sur lequel on retrouve les titres d'un EP non publié qui aurait dû s'appeler W, sur lequel toutes les titres de chansons auraient commencé par W. On retrouve également une vieille chanson, non pas oubliée mais belle et bien rare, qui méritait effectivement un peu plus d'exposition... le magnifique Crust & Dirt***.

Difficile de croire qu'après tout ce temps-là sa discographie ne contient que trois vrais albums à l'ancienne, plus ce disque objet de 32 minutes, mais comment lui en vouloir d'avoir su prendre son temps.

Un nouvel Objet-Disque est en préparation. Un disque plus long, plus expérimental aussi. Format vinyle, cd et digital. En 2018, je l'espère, annonce Eric Deleporte, pour qui aujourd'hui la musique est plus que jamais et tout simplement... VITALE...

On connaît la musique, cette maîtresse avec laquelle on ne peut vivre mais dont on ne peut se passer, cette drogue dont le sevrage est si difficile... Handle Withdrawal with care !!

*"The stars keep falling down" (demo version)

** Christian Quermalet qui, ai-je donc appris récemment – on meurt tous les jours un peu moins idiot –, a aussi fait partie des Tétines noires, merci à Eric et buzzonweb sur ce coup-là

*** beko_72, du label de singles digitaux Beko

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