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24 mai ~ Payne ~


l Payne l Someone is Missing l

Une voie est aussi nordique que le suggère la pochette pour une référence, Payne, qui renvoie non pas à Liam, chanteur de One Direction, mais au graphisme, et à un artiste peintre britannique de la fin du 18e siècle et du début du 19e. Spécialiste de l'eau-forte et de l'aquarelle, William Payne est connu pour ses rendus de lumières et d'atmosphères, et surtout pour avoir donné son nom a une teinte de gris mêlant Bleu de Prusse, Ocre et Carmin. Des couleurs et des atmosphères qui collent plus qu'incidemment à l'univers de ce Payne-ci.

La référence illustre de fait parfaitement l'ensemble des travaux musicaux et graphiques de Joanna Lorho dont les chansons pâles, froides et frêles, dégagent une chaleur diffuse et intime. Someone is Missing supporte donc aisément la comparaison de compositions faites au pinceau, translucides, à l'eau, bleue, mélangée à des pigments broyés.

C'est à Bruxelles que cette artiste française d'origine a trouvé ces dernières années un terrain de jeu propice à un parcours sur le fil entre touches noires et blanches, et un camaïeu de couleurs qui résonnent autant avec ses compositions au piano (et claviers) qu'avec son univers graphique.

Le parcours qui n'est pas sans rappeler celui d'une Nantaise, elle-même illustratrice et également bruxelloise d'adoption. Et comme la capitale belge n'est pas si grande et que le monde de la musique est tout petit – comme évoqué à plusieurs reprises dans ces colonnes –, il semblait presqu'inévitable que la route de Joanna Lorho croise celle de Françoiz Breut, pour qui elle a animé le clip, Loon-Plage. On ne s'étonnera pas non plus du rapprochement avec Oriane Marsilli de Ladylike Lily pour le clip Blueland.

Histoire de boucler la boucle, le duo* formé en 2012 avec le violoncelliste Corentin Dellicour se transforme parfois en trio ou autre, tant que la formation est justifiée par les morceaux eux-mêmes, comme ce fut le cas avec Stéphane Daubersy.

Le noyau c'est plutôt moi et Corentin Dellicour au violoncelle, explique Joanna.

Payne est assez particulier, puisque ni moi ni Corentin ne sommes issus de ce milieu. Moi c'est mon premier projet et Corentin vient de projets qui sont plutôt du côté de classique ou de la musique du monde.

Stéphane a fait un bout de chemin avec nous, on a du faire 2 ou 3 concerts et on a travaillé tous les 3 sur la maquette et sur les enregistrements studio. C'est moi qui ai tout écrit, mais par exemple, What I Deserve est typiquement un morceau qui nous représente bien tous les trois (…) Après on a décidé de revenir à une formule à deux pour plein de raisons, à la fois pour des soucis de calendrier, d'organisation, mais aussi parce que dans ce que je compose, il n'y a pas toujours la volonté d'intégrer quelque chose de plus péchu, de plus pop (guitare/batterie).

Aujourd'hui on fait des concerts avec un piano, deux violoncelles et juste un tom et il semble que cette formule soit plus appropriée (…) quand on peut, on s'offre le luxe de jouer à 3, comme aux Nuits Botaniques par exemple.

Le guitariste, multi-instrumentiste et réalisateur belge étant lui aussi proche de Françoiz Breut. Le hasard des rencontres existe-t-il vraiment ? Même si, en l'occurence, c'est la rencontre avec le premier qui a suscité la collaboration avec la seconde.

Oui, Bruxelles c'est petit pour la musique, on a commencé à se parler avec Stéphane parce qu'on partageait le même local, typique, et c'est un autre musicien, Cédric Castus, qui m'a recommandé de jouer avec lui. De là j'ai croisé parfois Françoiz, et de là, j'ai fait son clip...

Les histoires s'écrivent parfois de manière plutôt sinueuse et même si Joanna pratique la musique, classique, depuis plus longtemps, c'est paradoxalement un de ses projets d'animation, un court-métrage, inspiré d'une œuvre de Prokofiev qui va lui ouvrir la porte sur cet autre bulle... puisqu'elle finit par en écrire la musique elle-même. Un projet au long cours, qui fait écho au calme froid et à la mélancolie sourde qui se dégage de ces sept titres.

Pour mon cas... c'est un peu long comme histoire. C'est un problème de légitimité. Je viens plutôt du classique, il a fallu du temps pour que je comprenne que je pouvais faire quelque chose, que je pouvais chanter, et puis j'étais occupée sur d'autres projets, comme (le court-métrage) Kijé.

C'est vrai que composer pour Kijé c'était un premier pas. Je voyais bien que j'avais du plaisir dans le fait de faire de la musique, avoue-t-elle, ajoutant être quelqu'un de lent aussi.

Ça prend du temps la musique, résume-t-elle, alors qu'en parallèle la réalisation du premier clip qu'elle fera... en animation devrait prendre la bagatelle de 60 à 90 jours, comme l'est expliqué sur son profil Microcultures de financement participatif.

... et de découvrir en quelque sorte, et c'est normal, que dans ce milieu à multiples facettes, certaines ne sont pas toujours aussi paillettes qu'on ne l'imagine de l'extérieur... et que la sortie d'un disque n'est pas un aboutissement plutôt le point de départ...

Mais au delà de tout ça, Joanna et son comparse tirent un sentiment d'aboutissement, justifié, de cette première réalisation dans la sphère musicale, qui plus est bien reçu par la critique, une surprise pour celle qui ce dont elle qui voyait... ce disque comme la fin de quelque chose, comme pour un livre, on voulait fixer les choses à un moment, mettre tout ça sur un disque et passer à autre chose. Finalement, c'est un début oui.

On est très contents de la manière dont il est reçu, on est assez surpris.

*un temps connu sous le nom de Forest Bath

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