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10 mai ~ Ladylike Lily


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Comment aborder le parcours d'Orianne Marsilli et l'oeuvre de Ladylike Lily ?

Autant dire dès maintenant que ce qui va suivre n'est qu'une considération personnelle, mais que c'est une perception qui se répète suffisamment souvent pour susciter un brin d'agacement, dira-t-on, qui n'engage nullement l'artiste elle-même, juste votre humble serviteur.

L'année où Orianne Ladylike Lily Marsalli se présentait aux professionnels à Bourges en 2011, les rivales étaient nombreuses... mais depuis, le syndrome de la caravane qui passe a de quoi mettre en rogne...

En tant que programmateur radio qui fait son travail d'écoute, il arrive qu'un ou plusieurs titres captivent, et ce dès la première écoute. Cette première impression audio peut subsister et les chansons rester en tête... Dès lors, il ne reste plus qu'à les diffuser... C'était le cas de l'EP On my Own. Cette impression première aurait pu disparaître aussi vite qu'elle était survenue, si l'artiste en question n'avait pas reproduit ce qui ne pouvait plus être considéré comme un accident.

Pas facile non plus d'en parler si l'on veut éviter les adjectifs et autres poncifs sur la féminité forcément fragile, sur les mélodies inéluctablement féériques, comme si une artiste féminine ne pouvait être présentée autrement que comme un petit chat tout mouillé dont il faut absolument prendre la défense.

Orianne sait très bien se défendre toute seule, comme ce soir de concert dans un sous-sol parisien, où s'adressant à quelques malotrus accoudés au bar qui ne prenaient pas même la peine de baisser d'un ton, elle descendait la marche qui servait de scène pour s'approcher tout en jouant et placer un petit tacle faussement innocent, sous la forme d'un... Si je vous dérange je peux arrêter.

On voit beaucoup trop souvent ce genre de scène dans des endroits de la capitale où les gens au comptoir, voire parfois même le personnel au bar, confondent le besoin qu'ils ont d'affirmer leur présence à grands renforts de décibels avec le métier de barman -qui en est un, quand il est bien fait- oubliant de servir les supposés clients alcooliques qui vont contribuer à payer leur salaire -bien sûr que ça sent le vécu-. Le problème n'est pas le vécu. Le problème est que tout cela se fait au détriment de l'artiste sur scène, à peine défrayé, et nourri au lance-pierre, tandis que le tiroir-caisse fonctionne à plein.

Mais ceci est un autre débat.

Il faut avouer qu'il y a de quoi être en colère, sur ce sujet, sur comme d'autres. Mais dans le cas présent, il y a toutes les raisons d'être indigné du fait qu'en plus de sept ans de carrière le nom de Ladylike Lily reste autant dans l'anonymat. Une volonté et une sévérité qui lui ferait privilégier l'auto-production plutôt qu'un chéquier de major à double tranchant ? Que faut-il pour réparer une telle injustice ? Fallait-il vraiment qu'elle passe au français et se trouve un parrain en la personne de Christophe Miossec pour que les lignes bougent ? Pour que l'ON daigne lui accorder le crédit de savoir écrire alors que musicienne multi-instrumentiste, elle sait aussi composer, et de la plus fine des manières, au regard de la qualité des titres qui figuraient déjà sur l'EP On My Own. Il faudrait être de bien mauvaise foi pour ne pas tomber à genoux devant la finesse des arrangements des chansons de l'album Get Your Soul Washed, publié dans une version étendue intégrant l'EP Blueland...

Quand les journalistes et programmateurs s'ébaudissent devant le talent d'une ribambelle d'artistes nordiques, anglaises ou américaines, pourquoi une artiste féminine française, à l'intelligence musicale rien de moins qu'évidente, doit-elle passer par une histoire fantastique à raconter ou un patronage artistique ?

Qu'est-ce qui empêche de reconnaître dans son travail la qualité d'une Kate Bush ? Appeler un titre Bushrette aurait pu mettre sur le chemin. Qu'est-ce qui empêche de valider la mélancolie pop ravageuse d'une Anna Ternheim, dont le binôme avec son acolyte de prédilection ressemble à l'association fructueuse avec Andreas Dahlbäck d'Oriane avec Loïg Nguyen ?

Ce n'est pourtant pas compliqué... il suffit... d'écouter, ce que nombre de personnes dont c'est le métier ont oublié... qu'après avoir liké, il faut partager...

Le pire est qu'Orianne Marsilli réussit avec une apparente facilité, aussi séduisante que déconcertante, cet exercice du passage au chant en français. Ce saut dans le vide a déjà été aussi maintes fois décrit dans les colonnes de ce blog comme une mise à nu sans pareille, comme un défi tout autant qu'un challenge à ne pas prendre à la légère.

Le titre Dans la matière -et sa narration dé-mesurée comme la pratiquent d'hypothétiques grandes soeurs qui se prénommeraient Camille ou Emilie Simon- mais aussi Mirages -et ses rimes en age- sont sur de véritables rescapés d'un mode de composition et d'arrangements qui renvoient à une époque où Ladylike Lily rimait avec Glockenspiel, violon, claps de mains ou de doigts, et de Monotron, et laissent entendre ou imaginer une suite brodée d'une qualité qui a toujours été là... et qu'il ne reste plus qu'à faire entendre au plus grand nombre.

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