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08 mai ~ Michniak


l Michniak l Écho l

Quel effet la musique a-t-elle sur l'individu ? Devient-on la musique qu'on écoute ? Est-ce que l'artiste fait la musique qu'il aime et vice-versa ? Devient-il la musique qu'il fait ou le contraire ?

La réponse est-elle ailleurs ? Quelque part dans un entre-deux qui n'en est jamais le milieu ?

Quelle différence y a-t-il ou faut-il faire entre l'artiste et la personne ? Un artiste heureux peut-il toucher un public sans les épreuves de la vie qui lui inspirent des lignes de détresse auxquelles chacun s'identifie à sa façon ? Les mots qu'il écrit ou prononce le libèrent-ils du poids de la pensée qui les a générés ou la rendent-ils plus palpable ? Quelle que soit la réponse, les mots affranchissent-ils leur auteur de la responsabilité de ce qu'il provoque chez le spectateur exposé à sa catharsis ?

Veut-on en avoir la réponse ? Se contente-t-on juste d'entendre la question ? Est-ce important d'avoir l'explication ? L'artiste choisit-il de fait son public ? Faut-il un public pour qu'existe l'artiste et son oeuvre ? Dans ce contexte, que penser d'Arnaud Michniak ? Qui est-il ? Se pose-t-il ce genre de questions ou privilégie-t-il simplement le point d'interrogation ? A-t-il lu le livre de Padgett Powell* ? L'avez-vous lu ? Comment résister à s'en inspirer humblement pour parler d'un artiste dont chacune des facettes a jusqu'ici plus souvent suscité interlocation, incompréhension, voire rejet ? Comment oublier la frange de fans ultra qui recherchent ce à quoi il les expose ? A-t-il, en fait, jamais laissé quiconque indifférent ?

Pourquoi aime-t-on ? Pourquoi déteste-t-on ? Est-ce qu'il dérange ? Qu'est-ce qui dérange ? Qu'il n'entre pas dans le confort de cases identifiées ? Lui envie-t-on le courage de ne faire que ce qu'il veut, ou, en tout cas, d'en donner l'impression ? Est-on tous capables de (se) jeter corps et âme de la même manière dans la création d'une œuvre où le choix des mots flotte entre improvisation et chair à canon d'une poésie comme il le fait ? Plonge-t-on pour ses manipulations électroniques, sa fureur électrique, ou pour les climats à tendance anxiogène dont il enrobe ses textes ? Quelle place reste-t-il, s'il n'y en a jamais eu, pour la compromission avec Arnaud Michniak ? Tout ou rien ? Est-il manichéen à ce point ? Entre noir et blanc, qu'a-t-il fait du gris ? L'a-t-il un jour jugé trop barbant pour vouloir lui substituer systématiquement toute la gamme des nuances d'émotions, de l'infra rouge écarlate, saignant, à l'ultra violet bruylant ? Quand il dit bleu, est-ce le bleu à l'âme ou le bleu d'un ciel paisible sous la menace inéluctable du nuage noir et de l'orage ?

Qu'il soit Petit Prince ou Agent Réel, ou quelqu'autre prête-nom, est-il, si ce n'est l'emblème, sinon l'exemple parfait d'une forme d'anthroposophie ? Doit-on du coup parler d'art de la parole, de slam, d'expression directe sous perfusion d'un cocktail de colère, de passion et de fragilité ? Le fracas de l'explosion de Diabologum ne pouvait-il déboucher sur autre chose que l'intense noirceur d'un Programme qui ne semblait rechercher aucune adhésion ni suffrage ?

En devenant finalement Michniak, pouvait-on vraiment imaginer qu'Arnaud en sortirait apaisé comme s'il avait enlevé, avalé ou digéré le cerveau dans la bouche ? Dès lors, pour qui donc le tilt sonnait-il ? Quel est son meilleur album ? Son oeuvre la plus aboutie ? La dernière en date ou celle à venir ?

Là n'est pas ou plus la question, n'est-ce pas ? Peut-il faire plus serein et plus beau que cet Echo lardé de piano en suspension, d'électro statique et de guitares fantomatiques ? N'a-t-il de cesse de (se) chercher des repères pour mieux les détruire, de semer le doute ou la tempête ? L'un ne récolte-t-il pas finalement l'autre et inversement ?

A-t-il tout dit en lançant dans un grand fracas Ce qui est important c'est pas ce que je dis, l'important c'est le bruit... (Bruit Direct, Agent Réel - 2010) ? Théâtre, radio, créations audiovisuelles ou simplement radiophoniques, jusqu'où s'arrêtera-t-il ? Comment faire pour le suivre - au propre comme au figuré - dans ses propositions artistiques ? Chercher son Camp de base ou suivre le son qu'il balance dans les nuages** ? Préférer la version Numéro Han du premier ou les versions possédées intégrées à son mix long format pour le second ?

Faut-il comprendre ou juste accepter ? Doit-on finalement juste considérer qu'Arnaud Michniak pousse à l'extrême la condition paradoxale de l'artiste qui exprime des choses intimes avec une pudeur exhibitionniste pour les livrer en pâture à un auditeur dont le jugement lui importe au final peu ?

* The Interrogative Mood, A Novel ? Padgett Powell - Profile Book

** http://michniak.bandcamp.com & http://soundcloud.com/michniak

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