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11 mar. ~ Lena Deluxe ~


l Lena Deluxe l Mirror for Heroes l

I Will Walk the Line dit Lena Deluxe dans Reeperbahn sur un coussin de violons en introduction de son - seulement - premier album et déjà des kilomètres d'expérience et autant de talent. Une ligne qui en dit long.

Des rêves de Beatles à Hambourg aux songes de liberté grandeur nature dans l'arrière pays californien, des histoires dans lesquelles on verrait bien une maison bleue adossée à une colline à l'enregistrement difficile d'un album attendu dans une église reconvertie en studio sur les bords de l'Hudson River... autant de cases à cocher sur la bucket list de la jeune artiste.

Les marches qui mènent sur scène, sous le feu des rampes, ont un certain talent pour se dérober aux pieds de qui entreprend de les gravir, transformant en parcours d'obstacles ce qui semblait pourtant être une route toute tracée. Mais est-il jamais trop tard ?

Ce disque était effectivement largement attendu depuis un passage remarqué en Découvertes Nord-Pas-de-Calais du Printemps de Bourges en 2011. Depuis son travail avec Brisa Roché en passant par les mésestimés Roken is Dodeljik, chaque apparition de cette pianiste et guitariste autodidacte fan des sixties est une révélation.

Que cette musicienne et auteure accomplie soit seule ou entourée, elle diffuse instantanément une magie qui frise l'envoûtement, comme ce mois de mars où elle s'était produite dans la gare Montparnasse à l'occasion d'un rendez-vous mensuel autour du piano mis à disposition par la Seuneuceufeu, nullement gênée par le fait qu'il manque une touche ou deux.

Les choses auraient pu et dû enchaîner plus rapidement pour profiter de la dynamique d'un repérage professionnel en terre berruyère, mais l'enregistrement s'est transformé en expérience surréaliste pour la jeune fille tombée malade, clouée au lit, à peine arrivée au studio Waterfront à Hudson, à 200 km au nord de New York...

L'acoustique de cette église réformée convertie en studio possède, dit-on, les qualités de réverbération de l'un des studios d'Abbey Road. Est-ce que c'est parce qu'on le sait qu'on a l'impression qu'on l'entend ?

Son propriétaire Henry Hirsch favorise l'analogique et le matériel d'une époque où Dusty Springfield chantait Spooky, Barry Manilow entonnait Mandy et Mélanie le fameux Brand New Key, que Lena reprend de manière bluffante. De même, le fait d'en avoir connaissance influence-t-il cette sensation de chaleur, d'intimité mais aussi d'espace et de béatitude pop que l'on ne retrouve de nos jours souvent que chez des artistes plutôt suédoises, telles que Anna Ternheim ou Stina Nordenstam...

Malgré tout, tout ce temps perdu, toute cette attente, valent bien l'éblouissant titre Rainbow qui rivalise sans peine avec des classiques comme All by myself, cette chanson d'Eric Carmen sortie en 1975 et qui emprunte son thème au deuxième mouvement du Concerto pour piano n°2 de Sergueï Rachmaninov. On y retrouve aussi sur l'album, notamment sur Ink et sur le très Johnny Kidd and the Pirates... Nowhere to Go, une sensualité et une force émotionnelle éprouvée à une autre époque lors des premiers concerts d'une jeune pianiste, bassiste, guitariste made in France, Laetitia Shériff, elle aussi découverte en région lilloise à l'époque.

En définitive, Mirror for Heroes est un recueil de chansons magnifiques et tristes à mourir - mais pas tout de suite, hein, ni le 6 juin, ni un autre jour. aura mis du temps à nous parvenir, puisqu'il est sorti en mars 2015, trois ans après ce qui était prévu mais c'est le disque de chevet parfait pour attendre patiemment la suite, puisque rien n'est écrit... sauf que Lena Deluxe a décidé d'aller s'installer à Los Angeles... au plus près de certaines de ses influences.

Il y a fort à parier et à espérer que ce qu'il en résultera sera là aussi à la hauteur des attentes...

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