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22 jan. ~ Dashiell Hedayat ~


l Dashiell Hedayat l Obsolete l

On aime la musique que l'on veut. On aime aussi la musique que l'on peut, non pas au sens d'être parfois limité intellectuellement pour capter l'intention de l'artiste et son mode d'expression musical et textuel... plus dans le sens donc de ce que l'on puisse comprendre ou accepter/tolérer...

Mais on aime aussi un artiste dès lors que l'on peut avoir l'occasion de l'écouter pour pouvoir le découvrir... et là ça se complique, en tout cas pour des millions de personnes en France qui n'ont pas la chance d'avoir accès à un média indépendant et curieux, ou pour qui la curiosité musicale ne pousse pas au fond du jardin ou sur le rebord de la fenêtre.

À partir de là, chacun cherche son chat oserai-je dire, ou chacun fait son choix.

Bienheureux celui qui omniscient a tout vu, tout entendu... personnellement, il m'arrive régulièrement de demander C'est bien ÇA ! C'est quoi ce truc ? Parce que Shazamer c'est tricher, et que ça prive de rencontrer des gens avec des goûts différents et d'en parler... Vous savez ce truc qui existait avant internet et qui permettait de sociabiliser dans la vraie vie, dit-il depuis son appartement devant un écran et un clavier...

Forcément la réponse est de l'ordre du Quoi tu connais pas ? suivi immanquablement par mon Bin non ! (sous-entendu Sinon je demanderais pas !). Alors généreusement, on consent à me dire qui se cache derrière ce titre qui m'a fait sortir de ma zone de confort pour aller adresser la parole à un être humain.

Parfois c'est une révélation, mais aussi, souvent, un vague souvenir embué... Oui, c'est encore ce fameux artiste que je connais bien puisqu'on m'a donné son nom à moult reprises et que mon cerveau ne prend jamais la peine de retenir et que je n'ai donc jamais pris le temps d'écouter.

Le côté positif en est cette redécouverte systématique, ébaudissement garanti.

... C'est le cas de Dashiell Hedayat, chanteur et romancier aux multiples aliases. Une sorte d'artiste maudit, par choix, par posture, par fatalité. On n'est pas loin d'un Alain Kan mais en plus complexe et torturé. On est proche d'un profil à la Maurice Dantec avant l'heure, avec les mêmes vicissitudes d'une trajectoire tracée au phosphore.

Derrière tout le romantisme Laclos-ien (Choderlos de son prénom), noirceur, fragilité, ego, fulgurance mais surtout un destin tragique dès la naissance qui finit par un envol morbide et une oeuvre forcément inachevée autant que discutée et décriée...

Certainement par défi autant que par envie, celui qui est décrit comme quelqu'un à la sensibilité extrême enregistra un album de quatre titres, mais de 32 minutes, mis en boîte en 1971, avec la participation du Gong, l'un des piliers du psychédélisme pop hippie à la française.

Toutes polémiques mises à part, ce disque se doit d'être écouté, remis en situation et rester comme l'oeuvre... d'un double maléfique d'un Polnareff, une sorte de Sixto Rodríguez mais plus porté sur le libertinage et la manipulation que Sugarman.

Dashiell Hedayat, aka Jack-Alain Léger, aka Paul Smaïl, aka Daniel Théron, a tout du personnage atteint de cette schizophrénie qui frappe les gens trop intelligents pour leur propre bien, qui finissent submergés par la vision qu'ils ont d'un monde destiné à la ruine humaine et sociétale, et dont ils n'arrivent pas à tirer plus qu'un cynisme et une violence auto-infligée qui étouffent toute la beauté de ces petits instants dont se satisfont la plupart des gens, ces instants trop beau pour être vrais ou durables... un type d'instant originellement Obsolète.

* http://youtu.be/wkGFjYNiPSE une interview à la french TV

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